Chers amis,  le mois de novembre commence avec la Toussaint, fête de tous les saints, petits et grands, canonisés ou pas. Il nous rappelle l’appel universel à la sainteté qui fut une des grandes préoccupations de St François de Sales sa vie durant. Tous nous avons la possibilité avec la grâce de Dieu de devenir des saints, à condition bien évidemment de se faire une idée juste de la sainteté et de le vouloir. Mais qu’y a-t-il de plus beau en ce bas-monde ? Il faut ici relire ces pages de Bernanos (Jeanne relapse et sainte) : «Qui ne voudrait avoir la force de courir cette admirable aventure ? car la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure. Qui l’a une fois compris est entré au coeur de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle une autre terreur que celle de la mort, une espérance surhumaine. Notre Église est l’Église des saints.» Et le P. Bruckberger O.P. de caractériser ainsi la sainteté. «Quand les théologiens essaient de cerner de plus près cette union avec Dieu qui est la sainteté, ils la caractérisent par deux qualités: la pureté et la fermeté. S’il s’agit d’un objet matériel du culte, ces qualités sont en effet requises dans l’ordre même de la sainteté de cet objet. Il est nécessaire que l’intérieur de la coupe d’un calice soit doré, l’or étant  considéré comme un métal pur et précieux. D’autre part un calice en cristal ne serait pas autorisé, parce qu’il n’aurait pas une fermeté de matière suffisante.

Si on s’élève à l’ordre de la sainteté spirituelle et proprement humaine, ces qualités sont elles-mêmes intérieures et spirituelles, elles découlent de la sainteté comme ses propriétés. Il es impossible qu’une âme s’approche de Dieu sans se purifier. Les âmes sont belles dans la mesure où l’image de Dieu qu’elles sont devient ce miroir net qui reflète la face de Dieu, et le miroir se purifie à mesure qu’il approche de cette face lumineuse […]. L’amour de Dieu est la profonde pesanteur de l’être spirituel. Plus il obéit à cet amour, plus il se fixe et s’affermit. Ici-bas, l’inflexibilité de l’âme sainte est une orientation, dirigée vers Dieu, avec une précision et une force toujours accrues. Comme une pierre qui tomberait de très haut augmenterait à chaque seconde sa vitesse, sa densité dynamique et son approximation au centre de la terre. L’inflexibilité de l’âme est une infaillibilité grandissante dans l’essor. C’est encore là un effet de la sainteté, de l’orientation concrète de l’âme vers Dieu. » (La valeur humaine du saint). Alors soyons des enthousiastes de la sainteté et non des contraints avec une pureté  et une fermeté grandissante qui attirent nos contemporains sur le chemin du Ciel.

 

Chanoine Tancrède Guillard