Le mois de Mars file vite mais ne le laissons pas filer trop vite au risque d'oublier ce qu’il a à nous dire.

Tout d’abord, c’est le mois de Saint Joseph que l’Eglise fêtera cette année le lundi 20 Mars, le dimanche de carême primant sur le Sanctoral.

Une grande figure que ce Saint Joseph ! Sa délicatesse envers Marie est bien mise en relief dans les évangiles que cela soit avant de la prendre chez lui comme épouse ou après.

Il y a chez lui une attitude virile qui se traduit envers Marie par un véritable amour. En la voyant enceinte, nous pouvons imaginer son embarras. Pourtant il l’aime et reste confiant tout en élaborant un plan de répudiation de Marie qui la respecte et qui la met à l'abri d’une éventuelle lapidation.

Son amour et sa confiance n’altèrent en rien son jugement et donc les décisions même douloureuses qu’il doit prendre envers Marie.  L’Ange vient le rassurer : « Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse, car ce qui est formé en elle est l’ouvrage du Saint-Esprit. Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; car il sauvera son peuple de ses péchés » St Mat. I, 20-21.

Il accueille la parole de l’Ange sans trembler, sans douter. Tout est à sa place ! Les sentiments et la raison ne viennent pas se percuter mais, au contraire toujours dans l’ordre, viennent s’harmoniser. C’est admirable ! La difficulté à trouver un lieu pour mettre au monde l’Enfant-Dieu, la fuite en Égypte …montre sa grande humilité et sa persévérance mais aussi un grand abandon à la Providence et une promptitude dans l’obéissance. Il ne doute jamais : « Ne crains pas de prendre avec toi Marie, ton épouse… ». Il le fait sans se faire prier. « Lève toi, prends l’Enfant et sa Mère, fuis en Égypte, et restes y jusqu’à ce que je t’avertisse ; car Hérode va chercher l’Enfant pour le faire périr. » St Mat. II, 13.

Là aussi, il obéit sans attendre à l’injonction du messager de Dieu. L’Évangile est précis : V.14  « Joseph se leva et, la nuit même, prenant l’Enfant avec sa mère, il se retira en Égypte. »

Il y a dans l’attitude de Saint Joseph une grande maturité dans les vertus naturelles mais aussi dans les vertus surnaturelles. C’est un homme qui vit dans la crainte de Dieu. Toute son attitude, toute sa grandeur, toute sa noblesse découle de la crainte qu’il éprouve envers  Dieu. Ce caractère lui permet de tout faire, de penser comme d’agir avec une grande liberté. Pour nous chrétiens, comme le dit Saint Hilaire de Poitiers : « La crainte de Dieu est tout entière dans l’amour, et la charité parfaite mène à son achèvement la peur qui est en elle. »

Je noterais un petit détail, c’est la délicatesse de Dieu à travers la demande de l’Ange de fuir en Égypte. La demande est suivie de la cause. Il est bon aussi que le père de famille, que le supérieur demande à son enfant ou à l’inférieur en précisant la demande avec la cause surtout quand les conséquences sont importantes ce qui favorise toujours la confiance mutuelle.

Le mois de Mars, c’est aussi le mois de la Saint Casimir. Pour les quadra ou les quinqua, cela nous rappelle :

Voici venu le temps des rires et des chants

Dans l'île aux enfants

C'est tous les jours le printemps

C'est le pays joyeux des enfants heureux

Des monstres gentils

Oui c'est un paradis

Ce jardin n'est pas loin

Car il suffit d'un peu d'imagination

Pour que tout autour de vous

Poussent ces fleurs, ces rires et ces chansons…

 Oui nous avons grandi avec cette chanson où l’illusion a pris la place du réel. En quelque sorte « l’île aux enfants » fut le précurseur de la virtualité.

Mais Saint Casimir ne vivait pas dans un monde imaginaire. Ce prince de Pologne, éduqué pour gouverner, préféra le renoncement pour s’adonner à la contemplation devant le Saint Sacrement et au culte d’hyperdulie. (Celui que l’on rend à la Vierge Marie).

Oui mes chers amis, Saint Casimir nous invite au renoncement des choses du monde qui peuvent donner l’illusion d’un bonheur pour travailler au vrai bonheur qui se trouve dans notre apprentissage à mettre Dieu dans notre vie.

Ce temps du carême nous invite à redoubler d’effort et l’imitation de Saint Joseph ou de Saint Casimir peut nous y aider. Ainsi nous servirons mieux le Maître qui n’a pas hésité à donner sa vie pour nous dans les souffrances que la lecture de la Passion nous fait méditer le dimanche des Rameaux et durant la semaine Sainte.

 Le mois de Mars c’est aussi le printemps, la nature se réveille, les parfums des fleurs embaument l’atmosphère. Quelque chose est en train de changer.

Mais ce n’est pas seulement : « Je m'souviens on avait des projets pour la terre pour les hommes comme la nature faire tomber les barrières, les murs, les vieux parapets... » de Laurent Voulzy.

C’est surtout qu’il commence sous la protection de Saint Benoit, Saint Patron de l’Europe.

Oui, nous n’avons pas attendu la folie humaine pour faire l’Europe. Déjà le monachisme par le travail de la terre comme de l’esprit par les moines a construit une Europe chrétienne. A chaque terre labourée, à chaque enluminure, la prière des hymnes et des psaumes servait d’engrais et de pigmentation.

Voilà aussi ce à quoi nous invite le printemps, à travailler à la vigne du Seigneur. La vigne c’est notre communauté de Saint Jean-Baptiste. Je remercie tout ceux qui œuvre pour la beauté du culte : la chorale, les enfants de Chœurs, les fleuristes, l’entretien du linge sacré, les groupes de prières, de catéchisme… mais aussi, ce qui n’est pas négligeable, le ménage de la Chapelle et de la Maison St Thomas d’Aquin, le repassage, le panier des chanoines… Mes remerciements sont sincères car vous savez que tout ce que vous faites permet au Prêtre d’être Prêtre. Par exemple, il est difficile de repasser et de dire son bréviaire en même temps ou de préparer un sermon, un topo, de visiter un malade…En même temps tous ces petits services que nous rendons souvent avec beaucoup de générosité, de cœur, permettent à la grâce d’être fertile.

A Pâques nous aurons la chance de baptiser deux adultes qui s’épanouissent dans notre communauté de Saint Jean-Baptiste. A chaque service rendu avec amour vous rendez possible cette réalité. Merci !

Il y a une chose qui me tient à cœur: un ouvroir pour réparer le linge sacré, pour concevoir des choses. Pour la Fête-Dieu, il nous faut un dais : neuf, il faut compter entre 2 à 3000 €, mais avec des petites mains expertes nous pourrions en confectionner un avec un prix beaucoup plus raisonnable.

J’avoue que là, je lance une bouteille à la mer, sera t-elle ramassée par une mère qui prêtera ses doigts pour la gloire de Dieu ? Mesdames, je vous lance un défi !  Je profite de l’occasion pour remercier la personne qui a réparé toutes les pales que sont ces petits cartons recouverts de tissu que l’on pose sur la patène et sur l’hostie.

Chers amis, continuons notre route vers Pâques avec toujours plus de conversion intérieure, d’humilité et de simplicité avec l’aide de Marie que nous honorerons particulièrement le 25 Mars pour la Fête de l’Annonciation.

A cette occasion, lors de la Messe nous commencerons une préparation de 30 jours en vue de consacrer Saint Jean-Baptiste au Cœur de Jésus et au Cœur Immaculée de Marie avec la statue de Notre Dame de France. Après cette consécration, chaque famille qui en fera la demande pourra la recevoir chez elle pour une neuvaine.

Que la Vierge Marie vous protège et que son divin-Fils vous bénisse.

 

Chanoine Thibaut d’Aviau de Ternay