Editorial

Saint Temps Pascal

 

Pâques est l'événement religieux de la Semaine Sainte le plus médiatisé. C’est l’occasion pour nombre de télévision du monde entier de retransmettre les idées clefs du message pontificale, la bénédiction du Saint Père.

 

Et la page est rapidement tournée vers les actualités du moment. L’Éternité intéresse peu les médias mainstream, c’est un sujet difficile à manier sans laisser transparaître une opinion, un assentiment, voire la Foi. Les médias mainstream lui consacrent peu de temps. Ce serait offrir du temps d’antenne au Dieu trinitaire, aux nouveaux disciples de Jésus-Christ. La conférence épiscopale de France a annoncé pour cette année 2024, 12000 nouveaux baptisés adolescents et adultes.

Ainsi est délaissé publiquement la question de la vie après la mort. La question semble avoir peu d’intérêt puisqu’elle est traitée rapidement.

Un sujet plus attrayant, plus univoque, moins transcendent, plus facile, pour le dimanche de Pâques, ce sont les chocolats et autres gourmandises du moment. Et bien d’autres, tout au moins inintéressantes. Les médias mainstream ne nourrissent plus les intelligences mais parlent aux ventres, aux intérêts du monde. Pourquoi les lire, les regarder, les entendre pour si peu ?

Les catholiques savent pourquoi ils se réjouissent avec quelques douceurs pascales sans lire la dernière gazette.

 

Pendant ce temps, l’Église dans le monde entier chante et enseigne « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié ? Il est ressuscité, … » (Marc 16).

La Résurrection de Notre Seigneur est notre espérance. Les chrétiens ne sont pas sujet à l’angoisse d’un non-avenir. Après la mort, la Vie triomphe. Ce n’est pas un mythe, un rêve, une vision, une utopie, une fable, mais un événement unique, définitif et historique. Vérité que bien des médias n’ont plus la force d’étendre au monde, dévoyant ainsi la noblesse de leur vocation : proclamer la Vérité et son visage.

 

Notre-Dame a su la première que son fils était ressuscité. Comment Notre Seigneur aurait-il pu se manifester aux apôtres avant Marie, la mère des douleurs, la Théotokos ? Puis ce sont les apôtres, les saintes femmes, les disciples sur le chemin d’Emmaüs, saint Thomas avec le sacré collège des apôtres, puis à plus de cinq cents frères à la fois (1 Corinthiens 15, v6) et d’autres apparitions encore que nous ne connaissons plus. « Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. » (Jn 20, 30).

 

L’annonce de la Pâque illumine les zones d’ombres du monde dans lequel nous vivons : le matérialisme, l’absence de transcendance, le relativisme… Il ne dépasse plus l’expérience, le constatable. Il devient de plus en plus triste, isolé dans la conscience de son néant, point de chute de l’existence humaine.

Le monde sans le Christ serait une mauvaise blague pouvait-on entendre autrefois. Sans le Christ et sa Résurrection, toute espérance demeure une illusion. Mais à Pâques, l’annonce de la Résurrection du Seigneur est la réponse à la question incessante des sceptiques : « Y a-t-il une seule chose dont on dise : voilà enfin du nouveau ? » (Livre de l’Ecclésiaste 1, 10.) Oui, au matin de Pâques tout a été renouvelé.

 

« La mort plana en silence sur le sépulcre où elle retenait sa victime. Depuis le jour où elle dévora Abel, elle a englouti d’innombrables générations ; mais jamais elle n’a tenu dans ses liens une si noble proie. Jamais la sentence terrible du jardin n’a reçu un si effrayant accomplissement ; mais aussi jamais la tombe n’aura vu ses espérances déjouées par un si cruel démenti. Plus d’une fois, la puissance divine lui a dérobé ses victimes : le fils de la veuve de Naïm, la fille du chef de la synagogue, le frère de Marthe et de Madeleine lui ont été ravis ; mais elle les attend à la seconde mort. Il en est un autre cependant, au sujet duquel il est écrit : « O mort, je serai ta mort ; tombeau, je serai ta ruine. » (Osée 13, 14). » Dom Guéranger.

 

Encore quelques instants : « les deux adversaires vont se livrer combat. Le Prince de la vie mourut ; vivant, Il règne ». Voilà la nouveauté ! C’est une nouveauté qui change l’existence de celui qui l’accueille, comme on le voit chez les saints et ceux qui les suivent.

 

Chanoine Laurent Jantaud