Fêtes de l’Ascension, de Pentecôte…

alt … et de la Trinité (3 juin). Toute une série de grandes fêtes liturgiques vient clore le temps pascal, ce temps de présence parmi nous du Christ ressuscité, de retour auprès du Père de Notre Seigneur Jésus, de l’attente du Paraclet promis puis de la venue de l’Esprit-Saint consolateur, pour aboutir à la célébration du Dieu Unique révélé aux hommes en ses trois Personnes. Le Père a envoyé son Fils et nous l’a fait connaître par amour pour nous, le Fils s’est offert en sacrifice à son Père et est revenu siéger à sa droite par amour pour nous, l’Esprit-Saint a procédé du Père et du Fils et est descendu nous combler de son amour pour nous. Que de mystères et de motifs à faire grandir la Foi ! Que d’évènements et de raisons à nourrir l’Espérance ! Que de preuves et de sollicitations à vivre de cet Amour ! Et que d’inspirations à célébrer la Joie de l’Eglise par la musique ! ...

Cette suite de fêtes et dimanches consécutifs évoque évidemment les cycles de cantates bien connues de Jean Sébastien Bach, que l’on admire pour la rigueur de leur construction, la justesse de leur instrumentation, la science de leur composition. Malheureusement, à trop considérer le maître on ne remarque pas les disciples ; pourtant, il est un élève du célèbre cantor, que l’on méconnaît aujourd’hui et que l’on célébrait alors en Allemagne comme étant « sans conteste notre plus grand compositeur d’église ». En ce deuxième tiers du XVIIIème siècle, la renommée du Saxon Gottfried-August Homilius (1714 – 1785) surpassait certainement la haute estime en laquelle on tenait déjà son professeur de Leipzig. La raison à cela : là où le maître excellait en technique vocale ou instrumentale exigeante pour l’élaboration complexe des harmonies à caractère contrapuntique, l’élève portait au plus haut niveau l’expressivité et la puissance des arias et des chœurs en ajoutant à la maîtrise de composition de ces pièces la simplicité et la grâce de mélodies ravissantes qui révèlent toute la capacité créatrice du compositeur.
Et l’effet ne se fait pas attendre : en accents solennels, les cors appuient les trilles des violons et des hautbois jouant à l’unisson pour montrer « le Seigneur qui monte aux cieux au milieu des cris de joie et qui, au son brillant des trompettes, loue son Père… » qu’un chœur chante en un hymne glorieux pour l’Ascension ; avec lenteur en ce dimanche "Exaudi, Domine", les accords des flûtes à la tonalité de l’espoir et des cordes aux accents tristes se déploient en alternance de mélodies propres à répéter avec le soliste qu’il faut « patiemment courber l’échine sous le poids de sa croix … et souffrir l’insulte et la moquerie quand les enfants de ce monde se réjouissent » en attendant l’assistance du Paraclet consolateur ; le rythme posé de tout l’orchestre jouant la même mélodie aux nombreuses répétitions de thèmes courts et semblables les uns aux autres rassure l’âme qui chante son « Seigneur dont la puissance fait vivre, l’Esprit de pitié, le vrai Dieu, la source intarissable de joie,… » au jour de Pentecôte ; enfin, même traitement équilibré d’un couple "coro - aria" trois fois répété avec la musique du chœur introductif rigoureusement identique à chaque fois pour que chacune des Personnes du Dieu trinitaire soit également et magnifiquement louée. L’effet est saisissant.
En quatre cantates, Homilius vous plonge par sa musique dans la substance même de quatre mystères essentiels de la vie du chrétien. Quatre fêtes et dimanches, donc, à vivre en découvrant ces chefs-d’œuvre.

Energique interprétation par des musiciens et choristes de Dresde (Carus, dès 11,00€ sur internet).